La PAC 2023-2027 : un échec social et environnemental ?
Suite aux soulèvements des agriculteurs dans de nombreux pays européens comme la France, l’Allemagne ou encore la Roumanie, de nombreux retraits ont été réalisés et sur la trentaine de textes que contenait cette réforme, très peu ont aboutis. La directive phare de celle-ci, la réduction de 50 % des produits phytosanitaires d’ici 2030, a d’ailleurs été complétement abandonnée.
Alors à quelle avenir cette PAC est-elle vouée? La faute revient elle aux agriculteurs qui ne veulent pas modifier leurs pratiques pour aboutir à une agriculture plus respectueuse de l’environnement ? Ou est-ce la faute de notre modèle qui lie nos agriculteurs à un productivisme effréné?
Cartoon: ‘EU farm policy still harms poor countries’ ©.ARC2020.cartoons on CAP reform
Un sondage réalisé par Parlons Climat a montré que 60% des agriculteurs interrogés pensent que la transition écologique est une nécessité, 23 % y voient une opportunité et seuls 15 % y sont opposés (un segment en moyenne plus âgé). 74 % d’entre eux déclaraient déjà en 2022 que le changement climatique avait une incidence forte ou assez forte sur leur production et 82 % étaient favorables à des aides qui encouragent la préservation de la qualité des sols, des ressources en eau et de la biodiversité. Cependant, certaines mesures à impacts environnementales sont vues comme déconnectées du terrain et non praticables. Alors, bien sûr, les agriculteurs reconnaissent que certaines pratiques sont dommageables pour l’environnement, notamment dans les grosses exploitations qualifiées de « monde industriel ».
Mais n’est-ce pas dû à cette PAC qui s’est voulue productiviste puis exportatrice ? Cette PAC qui a organisé la campagne comme une industrie, qui l’a uniformisée, refusant la diversité des territoires et des agricultures au prix d’un moindre coût économique. Cette PAC qui, importe chaque année 30 millions de tonnes de soja, dont 60 % provenant du Brésil, battant un record d’émission de carbone en 2024 suites aux incendies de l’Amazonie. Cette PAC qui, en parallèle, met à mal les paysanneries du sud, exportant ses produits agroalimentaires à des prix artificiellement bas qui détruisent l’agriculture locale.
Alors l’Europe sera t-elle capable de se recentrer sur ses fondamentaux ? C’est à dire promouvoir une agriculture nourricière plus juste, plus durable et plus respectueuse de l’environnement?